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Libmag 36

Lisette sous surveillance

- Que vous êtes belle Chère Lisette ! Avec ce bibi fleuri qui vous va à ravir et cette charmante étole en peau de lapin. Que nous vaut le plaisir d’une telle élégance ?

- Enfin, quelqu’un qui sait reconnaître la vraie classe ! Vous voyez, Monsieur le Journalis’, autant vous n’êtes pas toujours dégourdi de la plume avec vos commentaires souvent scabreux et déformations journalesques qui me ferait fâcher avec tout le quartier, autant je dois reconnaître que pour ce qui est de la mode, vous avez l’œil, et le bon…

- Mais Lisette, croyez bien que je ne souhaite qu’être l’humble rapporteur de vos observations judicieuses et non un colporteur de ragots lors de mes comptes-rendus de vos propos !

-  A d’autres ! Moi, je vous accuse, comme dirait l’Émile Zona, d’être un sacré faiseur d’embrouilles avec vos faux airs de Sainte Nitouche! Et que si vous aviez un moindre talent d’écrivain impartial, vous ne transformeriez pas ma prose en vitriol comme me la fait remarquer la gentille coiffeuse de la Galerie Montesquieu ! Que la pôvrette, avec sa copine du magasin Kashmir et ses objets de Dinde sont en train de nous couver une belle déprime à cause de vous et de vos bafouilles incendiaires en traitant ce passage couvert de «galerie La faillite», de «désert de Dégobille» et de «l’Abbé Rézina» du p’tit commerce… C’est pas gentil.

- Mais je ne fais que compatir et me poser, comme bon nombre de libournais, des questions sur l’avenir de cet ensemble immobilier! La mairie ne s’en est-elle pas préoccupé en faisant se rencontrer les différents protagonistes afin de définir un projet sur son devenir ?

-  C’est ben vrai ça ! Mais d’ici à ironiser avec votre air narquois, sur le malheur des braves gens, y a des bornes à ne pas franchir. M’est avis que vous feriez un bien meilleur critique de mode qu’un rapporteur objectif de l’info à en juger votre observation fort judicieuse de tout à l’heure en rapport avec le raffinement de ma tenue !

-  Heu !

-  Ca vous laisse baba de me voir si coquette ! C’est que, quand on passe à la télé, il faut soigner son image Monsieur le Journalis’. Et oui, depuis que j’ai appris que nous allions être filmés dans la rue, je soigne mon apparence au cas où un Michel Drucker ou Nagui quelconque vienne à visionner les casettes et découvrirais en moi la nouvelle star de demain !

-  Vous ne parlez tout de même pas du projet de vidéo surveillance qui fait débat actuellement dans notre cité ?

-  Parfaitement Môssieu ! Qu’il y en a même qui sont précurseurs et qui ont bien compris que l’avenir était dans l’audiovisuel ! Tenez, prenez le cas de nos amis de Mélodie FM, la radio de Libourne, Daniel et Marc. Ils ont bien compris que l’avenir c’était Internet et se sont lancés dans la Télé Web, qu’on les voit partout, comme des globe-trotteurs, avec leur caméscope à filmer à qui mieux mieux les événements libournais tout en interviewant les gens. Voilà de vrais explorateurs de l’info et vous feriez bien d’en prendre de la graine avec votre canard ringard ! Alors vous comprendrez bien qu’apprenant que notre rue Gambiche devait être sous le feu de la rampe, il fallait bien que je soigne ma réputation et mon image, Monsieur le Journalis’. Moi je trouve ça bien, cette idée de vidéo-surveillance en ville et en plus, on va se sentir encore plus en sécurité, mon petit chien Kiki et moi. En espérant que l’idée aussi sotte que grenue ne vienne pas à l’esprit de nos élus de faire, comme à Sainte-Foy la Grande, d’interdire l’aboiement des chiens par décret municipal ! Et pourquoi pas les étourneaux de piailler et les coqs de chanter ? Enfin toujours est-t-il que cette histoire de caméras ne fait pas l’unanimité et qu’un grand débat va être ouvert. C’est ça la liberté d’expression. D’ailleurs en expression en tout genre, y en a qui prennent vraiment des libertés à voir les vitrines de l’ancien magasin Guillot rue Gambetta et celle de Hertz place de la gare recouvertes d’affiches, de tracts et de graffitis ...Mais que fait la police de la propreté ?