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Lib Mag 88

Le carnaval de Lisette

- Alors, Chère Lisette, vous devez être heureuse, vous qui êtes une vraie libournaise de naissance, de voir renaître le carnaval ?

- M’en parlez-pas Monsieur le Journalis’, je suis ravie de cette initiative pour refaire vivre une tradition moyenâgeuse au cœur de la citée. Car c’était quelque chose le carnaval de Libourne ; un des plus prestigieux de la région, tellement prestigieux que, chaque année, les chars libournais étaient classés hors concours même lors de celui de Bordeaux tant ils étaient beaux et engrangeaient tous les premiers prix, et haut la main. Faut dire qu’il y avait une sacrée équipe avec un Comité des Fêtes qui portait bien son nom car, pour faire la fiesta ils s’y tenaient un peu là les bougres ! Toute l’année, ces fameux chars carnavalesques étaient bichonnés et fabriqués dans le plus grand secret dans des ateliers municipaux sous haute protection, pire que les coffres de la banque de France, avec l’équipe technique managée sous l’œil pétillant de l’ami Géo Servant, blouse blanche et « brule lippe » vissée dans la bouche. Le maestro, l’artiste carnavaleux, artisan peintre devant l’éternel et homme de théâtre dans ses loisirs. Il façonnait les grosses têtes à grand renfort de pâte à papier et de fil de fer grillagé. Souvent, ces grosses têtes avaient quelques ressemblances avec celles de quelques élus et notables libournais, ce qui produisait des éclats de rires et des quolibets lors du défilé et de leurs découvertes publiques. De joyeux drilles qui ne crachaient pas sur la bonne ripaille et n’avaient pas peur de lever un peu le coude à la santé de Roi Carnaval et à celle de leur président Julion, fournisseur du nectar de ses vignes pomerolaises. Le Roi Carnaval, celui qui sera brulé place Abel Surchamp sous les acclamations de la foule en délire  à la fin du dimanche après-midi et qui laissera longtemps les traces de la fête sous forme d’asphalte fondu.

- On ne parlait pas de pollution à l’époque !

- Ha que non, mon brave Monsieur et heureusement car le défilé des vieux tacots pétaradants et fumants de la Printanière des Charruauds n’aurait jamais eu lieu avec son équipage de joyeux drilles grimés et déguisés, ses vieilles motos et toujours, en guise de voiture balai, son ambulance brinquebalante qui finissait toujours en pièces détachées dans une explosion de fumigènes !  (La suite page 22)


Et ses majorettes mon Ami, à vous couper le souffle devant leurs bonnes mines campagnardes leurs belles gambettes  qu’elles levaient fièrement et énergiquement aux rythmes des tambours, cornets et clairons et leurs acrobaties de bâtons lancés en l’air. Et puis ses fanfares,  la ProPatria de rouge et de blanc vêtue, les Rouges de Saint Jean, les Bleus de Saint Ferdinand, toutes celles venues des quatre coins de la Gironde… 

- J’espère que vous participerez à la fête Chère Amie !

- Avec ma voisine la Martine, on va vous préparer de sacrés déguisements pas piqués des hannetons, je vous le dis, à en faire pâlir le Bilib la gentille mascotte de la rue Gambetta qui sera lui aussi de la fête. Bien entendu Môssieu le Gratte-papier, qu’on fera la bamboula avec la bandas los Borrachos, les Pom-pom-girls de Libourne, les Maracatu du copain Joël, des musicos de Lucane et de bien d’autres, de toutes les énergies festives du grand libournais qui se donneront rendez-vous ce samedi 24 mars pour que la fête soit encore plus belle et grandiose….taratata tsointsoin !... vive les confettis, les langues de belles-mères, les « chichis Hou Hou !!!.... » et VIVE LIBOURNE.