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LibMag 86

Lisette et Saint Nicolas

- Bien le bonjour Madame Lisette. Que me racontez-vous en cette veille de fêtes?

- Bonjour Monsieur le Journalis’. Je raconte que j’y pige plus grand-chose dans ces fêtes et jours fériés. Je raconte que bientôt, avec toutes ces traditions venues des States et de l’étranger, on y comprendra plus que dal, qui est qui et qui fait quoi. A en perdre son latin. Il y a un mois,  c’était le défilé des mouflets habillés en sorcières, diablotins et monstres de Frankenstein qui tambourinaient aux portes en réclamant des bonbons en vous promettant des damnations aux enfers et mauvais augures s’ils n’en recevaient pas, à croire que plus personne ne sait à quoi correspond la Toussaint et la fête des morts. Que, même pour Halloween c’est les morts vivants qui font la fête, tout est tellement embrouillé que, j’en suis sûre, certains pourraient porter des citrouilles sur les tombes à la place des chrysanthèmes et faire des farandoles dans les cimetières comme au Mexique avec des costumes d’«esquelettes»! Un grand n’importe quoi. C’est certainement ça la mixité, le brassage des cultures. Moi, je suis pas contre mais, au risque de passer pour trop conservatrice et traditionnaliste, j’aimerais autant que l’on explique à nos enfants les vraies raisons de nos journées fériées. Déjà que le petit Jésus à cédé sa place au Père Noël, à Santa Claus, aux Saints Nicolas (pas le petit !) et Pères Fouettards  depuis belle lurette, si maintenant on remplace nos oies de Noël par la dinde de Thanksgiving des yankees, notre champagne par la bière en pinte de Saint Patrick, le Beaujolais nouveau par le saké du nouvel an chinois, on n’est pas sortie de la crèche mon Pôv’ Môssieu….

- Je vous comprends chère Amie, c’est à ne plus rien comprendre, mais que voulez-vous, c’est la modernité et le brassage ethnique.

- En fait de brassage, savez-vous Monsieur le Gratte-papier ce que ma voisine m’a révélée ? C’est, comme l’avait dit un couillon pour rigoler, qu’il fallait, pour ne pas polluer le paysage, enterrer les éoliennes. Et bien, d’après elle, il ne savait pas si bien dire le zig, qu’à Libourne, on ne va pas les enfouir sous terre mais bel et bien les noyer dans la rivière et qu’avec le brassage du courant des marées, on pourrait en produire du courant électrique pour illuminer la ville ! Vous y croyez, vous ? Ou serait-ce un poisson d’avril égaré dans le calendrier ?

- Il y a un peu de vrai mais vous expliquerez à votre charmante voisine que ce ne sont pas des éoliennes mais une hydrolienne que le cabinet d’ingénierie spécialisé dans les énergies marines renouvelables voudrait en étudier la faisabilité dans la Dordogne près de notre pont de pierre.

- Moi, ce qui m’inquiète c’est lorsqu’on s’éclairera à la source de votre tyrolienne, c’est qu’on fasse tout péter par surcharge électrique quand déboulera notre mascaret des grandes marées ! J’espère que les grands pontes des « zingénieuseries » y ont réfléchi Monsieur le Journalis’. Enfin, toujours est-il, je vous souhaite à vous et à vos gentils lecteurs de joyeuses fêtes.