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Libmag 37

Lisette : Alerte R.A.I.D

- Mais Madame Lisette, quelle drôle d’idée, avec le temps magnifique dont nous bénéficions, de vous promener avec ce rustique parapluie d’un autre temps ?

- Ce que vous prenez pour un parapluie, jeune homme, malgré son aspect inoffensif, n’est autre qu’une arme de "selfeudéfense" un outil de dissuasion, un de ceux qu’utilisent le Raide et le « Gilles et Gégène » de l’antigang pour protéger les personnalités. Que je vous fous mon billet que s’il venait à l’idée aussi sotte que grenue à quelque voyou de m’agresser, je te lui en foutrais un pet sur le "cagouët", que ça lui enlèverait l’envie de titiller les honnêtes gens ! Non mais !

- Chère amie, nous ne sommes tout de même pas à Chicago, mais dans notre bonne ville de Libourne et la délinquance que vous évoquez est plutôt l’apanage des banlieues des grandes métropoles. Sans compter que cet ustensile que vous apparentez à une arme serait donc interdit par la loi.

- Tu parles d’une douce France, espèce d’inconscient écervelé, vous ne lisez donc pas les journaux, vous le Reporter? Vos lectures doivent se limiter à la collection de l’Arlequin et au carnet rose de Clooser ! Lisez donc notre presse locale et vous verrez bien qu’il n’est question que de méfaits et de délinquance. C’est sûr que nos jeunes gendarmes, tout frais sortis des écoles, ont de quoi s’en mettre sous la dent, de quoi faire exploser les statistiques les plus pessimistes. Tenez, l’autre après-midi, ma gentille voisine la Martine qui prenait tranquillement son thé à la terrasse du Bardu en trampouillant sa petite brioche de chez Lopez, quelle ne fut pas sa surprise d’assister à une bataille rangée digne de Fort Alamo ou d’une finale de match de rugby entre l’UAL et Sainte-Foy. De jeunes galoupiaux aux mines patibulaires, casquettes à l’envers et capuches, armés de cintres, de tringles à rideaux, de tournevis et d’Opinel, s’en donnaient à cœur joie à se chicailler sous l’œil ahuri des braves passants. Et vas-y que ch’ti colle une baffe, et moi un coup de canif, une p’tit’dose’de bourpif  que je te course-que-si-j’t’attrape…Tout le quartier du haut de la rue Gambiche en était comme deux ronds de flan de voir ce petit monde se tabasser comme si c’était une animation proposée par Dominique Beyli pour les prémices du Fest’Arts ! Se crêper le chignon entre le gang des Aubiers de Bordeaux et une bande bien de chez nous. Puis repartir à la gare pour ne pas rater le train de 18 heures comme à la débauche ! Et vous appelez ça une ville tranquille de petits retraités, une cité dortoir ? Je t’en foutrais moi de la Belle Endormie comme on a l’habitude de surnommer notre cité Libournaise, avec son petit marché d’herbe bio et son petit commerce de stupéfiants en libre service aux abords du lycée !

- Il ne faut rien exagérer Lisette car, si la presse se fait l’écho de ces affaires, c’est qu’elles ont été résolues et que les chiffres et statistiques tendent à prouver l’efficacité de notre gendarmerie épaulée par une police municipale zélée.

- Je ne conteste pas l’active présence policière dans la cité mais, il faut reconnaître que, le sentiment d’insécurité, même injustifié, est lui aussi bien présent. Enfin, heureusement que certains n’usent pas de violence et savent le dire avec des fleurs et semer la bonne humeur! C’est le cas de nos amis du marché qui, en collaboration avec les pépiniéristes et professionnels des parcs et jardins, organisent comme chaque année, sur la place Abel Surchamp, le grand déballage pour la foire aux fleurs. Comme d’habitude, nos amis apiculteurs présenteront leur savoir-faire et produits sous le chapiteau et nous expliquerons comment lutter contre cette saloperie de guêpe asiatique qui bouffe nos gentilles abeilles! L’ami Raymond le jardinier de France Bleu Gironde, venu en voisin pour donner ses précieux conseils sera de la fête et le SMICVAL prodiguera ses secrets pour faire un bon composte, sans oublier nos jardiniers de la ville dont les serres accueilleront le public toute la journée du samedi 5 mai, de quoi remplir cette pauvre Bastidette boudée par les libournais…

- Eh bien, Chère Lisette, tout fini bien, malgré tout !