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LibMag 61

L'Antiquaire

Depuis trente années qu’ils sont dans le métier, Anne et Jean-Luc Maugein en ont vu passer des merveilles entre leurs mains, des trésors et des raretés. Mais comment  ne pas s’attacher au bel objet, comment ne pas avoir le « cœur fendu » lors de sa revente ? Reçu chez eux, dans la splendide demeure bordelaise qu’ils occupent et qu’ils ont patiemment retapé au cœur d’un ancien domaine agricole, cette réflexion me vient à l’esprit en voyant  l’ameublement, l’amoncellement de bibelots, les tableaux et les nombreuses beautés éparpillées. La question me taraude l’esprit et je n’hésite pas à la poser.

- « Surtout ne pas s’attacher, me répond Jean-Luc Maugein. C’est une des facettes incontournables de notre profession. Il faut aimer l’objet dont la vente représente l’aboutissement de notre travail.  Nous ne sommes que des découvreurs, des inventeurs et des passeurs d’art. Qu’importe la valeur de l’objet et sa rareté. Il doit grâce à nous trouver une nouvelle vie, une nouvelle identité et avant tout créer le plaisir de le posséder pour son nouveau propriétaire. Voilà la quintessence de notre profession. Et, tout ce que vous voyez ici, représente une partie de notre stock mis en situation, avec son irrémédiable turn-over. »

Mais au fait, c’est quoi la profession des Maugein ?

- « Notre métier ?...C’est complexe à définir. Des jours nous sommes, brocanteurs, d’autres nous sommes antiquaires, restaurateurs, ébénistes, des fois documentalistes, experts ou débarrasseurs de greniers et de granges…Mais je peux vous dire de quelle race nous sommes issus ; de celle des dinosaures, une race en voie de disparition !»
 
Pour moi, l’ «homme de l’art» ne disparaitra jamais et je prends au second degré l’affirmation de Jean-Luc car de vrais professionnels comme les Maugein, il en faudra toujours, ne serait-ce pour authentifier l’objet et définir sa valeur. Il est vrai qu’en trente ans d’activité, le métier a bien changé, internet, les vide-greniers à répétition…

(Suite page 8)
(Suite de la page 6)

- « Notre premier magasin se situait à Bordeaux, quais des Chartrons, continue Anne. A l’époque, j’étais pionne au collège de Coutras et Jean-Luc avait la double casquette de Broc et viticulteur du coté de Néac et des Artigues de Lussac. Puis, nous avons pris la « Salle des Ventes Libres » à Coutras pendant treize ans. Nous avions pignon sur rue, plus de mille trois mètres carrés avec toute l’occasion, un atelier de rénovation intégré, un vaste espace antiquaire, du personnel. C’est là que nous nous sommes constitués une solide base de clientèle locale et étrangère mais aussi notre famille dont nous sommes fières avec nos trois garçons ; Clément, Antoine et Edouard. Aujourd’hui, nous nous développons surtout avec le e-commerce et travaillons en ligne avec  le monde entier tout en ayant conservé ce réseau très fermé de professionnels et d’amis car pour nous, bien au-delà de la valeur marchande de tout ce que vous voyez, rien ne pourra égaler les valeurs humaines. »

Et, avec les Maugein, ce n,’est pas parole en l’air. Car dans ce domaine, il est tellement difficile de se faire un nom, et MAUGEIN en est un sacré dans le métier.