Libmag 55

Edito

Tu sais, Cher Lecteur, c’est comme étant petit, quand t’as mangé trop de Carambar, le vrai, celui qui colle aux dents et qui ramolli en chauffant. Quand ça ne vient pas ça vient pas. Alors t’es là, à regarder voler les mouches, ton "Spirou" sur les genoux à attendre que ça vienne, auprès du radiateur sous les reproches de maman! – « La gourmandise est un vilain défaut!». Mais ils sont tellement bons ces Carambar! Souvenir d’enfance !
L’inspiration c’est tout pareil. Il y a des jours, tu te colles devant la page blanche de ton ordi et…rien. Que dalle. Dame la Muse s’amuse, musarde et te fait la gueule, elle te snobe. Elle ne te connait même pas, ne t’as jamais vu. C’est pire qu’un divorce, c’est un abandon. Tu te retrouves  là, comme un pauvre chien enchainé au pied d’un arbre (un saule pleureur, c’est le pire !) au bord de la National 7 de Charles, un matin de premier août…à regarder passer les autres. Moi, quand je dois remettre ma copie, toujours à la bourre, j’ai un truc contre ce terrible trou noir. J’ai des adresses, où, l’air de rien, j’y vais me promener et, comme par enchantement, l’inspiration renait au fin fond de mon être. Une de ces adresses se situe de l’autre coté du pont de Libourne, celui qui mène à Fronsac, à l’Oiseau exactement. L’endroit est magique, ça s’appelle l’Atelier. Là, je m’assoie sur le premier fauteuil venu qui me tend ses accoudoirs; un crapaud, une méridienne, un club ou peut-être un bridge, suivant arrivage… et je regarde, je me gargarise des belles choses que je vois. Bien entendu, il y a tout ce que peuvent proposer des brocs ou antiquaires que sont Bernard et Christian les maitres des lieux, mais il y a aussi l’introuvable, le magique, le spirituel, l’ «inutile-indispensable », le « truc-qui-sert-à-rien-si-ce-n’est-à-rêver ». Le machin où tu es passé mille fois à coté, et que, sans l’œil avisé de Bernard ou Christian, tu n’aurais même pas vu s’ils n’avaient su lui rendre sa splendeur. Du goût. Ces gars-là ont du goût. De l’inspiration j’en retrouve avec ces artistes pleins de talent et de fraîcheur, aux œuvres à prix encore abordables, dégotés par nos deux compères. Je m’installe, je regarde et m’imprègne puis je repars les batteries de la création chargées à bloc, souvent avec un petit objet fouiné chez eux et qui trouvera une place au fin fond d’un tiroir de mon bureau...avec le reste. Bé oui ! Le bon goût, ça ne s’improvise pas ! Bonne lecture l’Ami.