LIB MAG 115

Lisette en a gros sur la patate

-Bien le bonjour Madame Lisette. Comment allez-vous, cette rentrée se passe-t-elle comme vous le voulez Chère Amie ?

- Pas terrible, Monsieur le Journalis’, pas terrible.

- Holala ! Mais que ce passe-t-il ? Vous me paraissez bien irritable, ce n’est pourtant pas dans vos habitudes, vous qui personnifiez la convivialité et la joie de vivre…

- Allez-y, passez-moi un peu de brosse à reluire, histoire de me détendre!  C’est sûr que vous, le «sans-souci-la-violette», vous ne l’êtes pas, soucieux.  Vous, c’est la fleur au fusil et les petits zoziaux du genre « laisse-tomber-ça-rebondit » …

- Tout de même, je ne suis pas si insouciant que vous voulez bien le sous-entendre. Si vous m’expliquiez plutôt ce qui vous turlupine Madame Lisette.

- C’est ma voisine, la Martine. Figurez-vous Monsieur le Gratte-papier, qu’elle a regardé l’autre soir, une émission à la télé dont le sujet était le réchauffement climatique et que ça l’a toute bouleversée. Que je crois bien qu’elle en a pété un boulon la pôvrette et que bientôt elle sera bonne pour la camisole de force et faire un séjour à Garderose ! 

- Il est certain que nos scientifiques ne sont vraiment pas optimistes sur l’avenir de notre planète. Si nous ne trouvons pas des solutions urgentissimes pour sa préservation, son avenir sera bien tristounet. Mais, en ce qui concerne votre gentille voisine que se passe-t-il ?

- Les conséquences de ce réchauffement seront bien catastrophiques et c’est bien tristounet mon Ami. Pensez donc, quand je suis née, ainsi que ma voisine, nous étions deux milliards et demi d’individus sur cette planète et aujourd’hui, nous en sommes huit et demi et bientôt dix milliards, et moi et moi et moi ! Alors, cette couillonne, après avoir vu l’émission s’est mis dans la tête de s’inscrire chez le sympathique Pierre Lopez, le patron de l’auto-école LEC, pour essayer d’avoir le permis bateau. Puis, avec ses économies, de vouloir s’acheter une barque comme celle des pêcheurs de pibales de l’Isle, avec la petite toile pour s’abriter au cas où…

- N’importe quoi !

- Et oui, mais elle est têtue comme une mule, c’est à cause de ce foutu reportage sur ce réchauffement climatique, la fonte des icebergs du pôle Nord. Elle s’est mise dans la caboche que les eaux allaient monter de quelques mètres. Elle est persuadée que Libourne et ses palus se retrouveront donc sous la flotte et qu’en ajoutant deux mètres de flotte, le tertre de Fronsac deviendrait une ile, et oui, mon pôvre Ami ; je vous le dis, elle à pété un plomb…

- Je pense que nous avons encore de la marge avant d’en arriver à ce cas extrême et que vous et moi ne serons plus de ce monde d’ici là.

- Remarquez, Monsieur le Journalis’, que depuis quelques années on s’en rend bien compte de ce réchauffement. Tenez, simplement nos prestigieux vignobles, il n’est pas rare que nos vignes pissent du quatorze degrés à la vendange et que bientôt ce sera presque de l’apéro que nous produirons ! Il vaudra mieux produire des fruits exotiques plutôt que de la vigne. On verra peut-être les ananas de Saint Emilion, les mangues de Fronsac et grenades de Pomerol. Ya plus d’saisons mon pôv’ Môssieu !!! Ya plus d’saisons.