- Bien le bonjour Madame Lisette ! Mais que s’est-il passé pour que votre petit chien Kiki, ait tous ces bandages sur le groin ?

- Vous êtes bien un « mufle », vous le « journaleux », pour ne pas reconnaître un groin d’une truffe. Des fois je me demande ce que vous avez dans la tête, que vous êtes bien un gars de la ville et  comment vous faites pour écrire autant d’inepties sans que votre canard ne vous jette…

- Excusez-moi Chère Amie, mais ma langue à fourchée. Ce n’était qu’un peu de gentille ironie car Il faut bien reconnaître que votre petit chien KIKI tiendrait plus du porcelet que de la levrette de concours de cynodrome comme celles qu’élèvent la famille Moniot, malgré le fait que je dois reconnaitre qu’il fut de très belle race, il y a quelques années. Je n’ai point voulu vous froisser au sujet de sa blessure dont j’aimerais bien en connaitre la cause, si vous vouliez bien m’en causer ?

- Vous n’êtes qu’un petit insolant. Mon Kiki, il est vrai, n’est pas d’une première jeunesse, comme sa maitresse d’ailleurs, mais croyais-moi, même avec sa cataracte qui lui blanchit les yeux, son odorat émoussé et ses quelques kilos de trop, il lève toujours la pa-patte pour bénir les arbres et le mobilier urbain qui jalonnent les rues de notre cité. Ce qui explique, Monsieur l’Ironique, les désagréments subits et les bandages et sparadraps qui enserrent  son …sa truffe.

- Mais comment cela est-il arrivé, il se serait fait renverser par un véhicule, par un camion, ou faucher par un train au passage à niveau de Catusseau ou peut-être mordre la dite truffe qu’il avait laissé fureté dans quelques arrière-trains de dame caniche ou pitbull?

- Et bé non, tout simplement en déambulant tranquillement rue Président Carnot. Figurez-vous qu’à l’heure des « Grenelles de l’environnement », des normes européennes, des aménagements obligatoires pour handicapés, malentendants, malvoyants, personnes âgées, et bien figurez-vous que, à Libourne, je ne sais pas quel original à eu l’idée de repeindre le mobilier urbain en « gris-chocolat-beigeâtre-de-camouflage »…si bien que, les personnes à la vue un peu défaillante comme moi et mon KIKI, à la tombée de la nuit entre « chien et loup », ou par journée grisâtre et pluvieuse, nous, les malvoyants, mais aussi quelques étourdis se prennent les guiboles dans ces bites au risque de se décoller le fémur et de se casser l’« infractus du myocarde ». Que pour mon pauvre KIKI, c’est carrément bille en tête qu’il s’est mangé une « ex-bleue-bite » et éclaté la truffe qui ne fut pas pour l’occasion en chocolat, mais sanguinolente. C’était pourtant bien mieux, lorsqu’elles étaient de ce bleu que nous appelions de Gironde, de ce pastel qui fut, au moyen-âge une spécialité occitane et qui fit la richesse de Toulouse et du sud-ouest, tant qu’à changer, pourquoi ne pas les peindre lie de vin, ou Bordeaux, plutôt que…chocolat ?